Prix de thèse de la MMSH 2023
Le prix de thèse de la MMSH pour l’année 2023 est attribué à Emmanuelle Durand pour sa thèse intitulée Des vies en fripes. Une anthropologie des circulations du vêtement usagé (bâleh) au Liban.
Résumé de thèse
La thèse s’attache à retracer les « vies sociales » libanaises du vêtement usagé (bâleh) en se concentrant sur les notions de circulations, de valeurs et de souillure. À partir de ces trois fils problématiques et en mêlant des approches ethnographique et filmique, elle entend approfondir la question des logiques politiques, sociales et morales qui sous-tendent ces pratiques économiques de travail et de consommation, afin de révéler le pouvoir agissant et la dimension signifiante du textile usagé. Par une attention portée sur ce commerce à bas coûts (et cette économie très lucrative), ce travail remonte la filière du rebut textile – depuis les échoppes beyrouthines jusqu’aux usines belges en passant par les entrepôts de Tripoli – pour rendre compte des agencements sociaux, des ordonnancements spatiaux et des régimes d’encadrement et de contournement de cette économie du déchet.
En s’intéressant à ce qui est tenu pour souillé et à travers l’analyse des circulations spatiales, sociales et symboliques de la bâleh, ce travail opère une mise en mouvement qui, des places marchandes populaires aux espaces de la sociabilité homosexuelle en passant par les zones franches portuaires, invite à se rapprocher d’une diversité d’individus. En suggérant comme poste d’observation les places marchandes de l’usagé, cette enquête met en avant un état du/des lieux qui peut être paradigmatique d’un certain nombre de contextes urbains, de plus en plus marqués par des conflits majeurs, des déplacements massifs de populations et un accroissement des inégalités socio-économiques. In fine, la thèse entend rendre intelligible ce qui se joue, à travers le textile usagé, entre l’intime et le politique, entre le moral et le social.
Emmanuelle Durand
Emmanuelle Durand est docteure en anthropologie (IRIS-EHESS). Partant des objets/déchets, ses recherches interrogent les pratiques quotidiennes de travail et de consommation, à l’échelle de l’intime et du politique. Soutenu en 2022, son travail de thèse porte plus spécifiquement sur les circulations sociales, spatiales et symboliques du vêtement usagé à Beyrouth et Tripoli (Liban), où elle a mené une ethnographie auprès de commerçant.e.s, entre 2018 à 2022. Depuis 2023, elle mène une recherche postdoctorale sur la relation au textile qu’entretiennent des personnes en situations de rue, d’exil et/ou de précarité, en Ile-de-France (soutenue par la Fondation Croix-Rouge française). En prenant différentes formes (textes, photographies, films et cartographies textiles), ses travaux interrogent les formes possibles de dialogue entre démarche anthropologique et pratique artistique ; des questionnements, qu’elle partage auprès d’étudiants de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles (ENSA-V), où elle est chargée d’enseignement. Emmanuelle travaille actuellement sur son premier projet film documentaire, soutenu par la SCAM et la région des Pays de la Loire.
Prix de thèse de la MMSH
Depuis 2019, la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme a institué un prix de thèse visant à récompenser les auteurs des travaux les plus prometteurs sur les études méditerranéennes et africaines en sciences humaines et sociales.
Ce prix d’un montant de 3 000 euros est destiné à la publication de la thèse, dans l’une des collections de la MMSH ou de ses partenaires : Maisons du Réseau national des MSH, Écoles françaises à l’étranger et Instituts français de recherche à l’étranger (IFREs et UMIFREs). Le lauréat ou la lauréate du prix remet le manuscrit définitif de son ouvrage à l’éditeur dans les 18 mois suivant la proclamation des résultats.
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